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LA PUCELLE D'ORLÉANS
INVOCATION
Je
chante l'héroïne, à qui la France entière
doit
son salut, sa foi, sa gloire la plus pure;
je
chante la Pucelle et la douce Bergère,
qui,
laissant se brebis et sa chaumière obscure,
n'écouta que son cœur, ses voix, et dès l'enfance,
conçut de secourir, surmontant sa nature,
«La
pitié qui était au Royaume de France».
Qu'Israël, à bon droit, exalte la victoire
de
Judith sur Assur, et que sa délivrance,
sous
le règne d'Esther soit sa plus grande gloire;
pour
nous, Français, chantons, exaltons sans contexte,
de
notre nation la plus illustre histoire,
des
siècles écoulés la plus fameuse geste!
C'est Dieu qui l'a voulu, car «Il aimait les Francs».
C'est Dieu qui l'a choisi, ce guide tout céleste,
au
grand coeur virginal, si noble et si vaillant.
O
Jeanne, à Toi mon chant, à Toi tout mon amour,
à
Toi l'ardant désir d'un cœur reconnaissant,
qui
voudrait te chanter, avant son dernier jour,
qui
voudrait t'exalter et voir soudain la France
tomber à tes genoux, proclamer son retour;
à
tes pieds ses enfants ravissants d'innocence,
à
tes pieds ses soldats défendant leur patrie,
en
toi mettant toujours leur plus ferme espérance,
attendant de ton cœur la victoire e la vie.
DOMREMY ET LES VOIX
Quelle est cette fillette, au visage angélique,
qui
mène ses brebis à travers les grands bois?
C'est Jeanne la Pucelle au regard extatique,
qui
des anges du ciel entend les douces voix,
et
de ses saints Patrons reçoit l'ordre divin
de
sauver son pays, de rétablir ses Rois.
Elle
n'a que treize ans, mais son cœur dans son sein
est
embrasé d'amour pour Dieu, pour sa Patrie.
Mais
comment à son père exposer ses desseins?
Comment lui révéler le secret de sa vie?
Cependant une voix, toujours plus insistante,
la
presse de laisser sa houlette chérie,
de
changer sa quenouille en arme flamboyante,
de
quitter son hameau sur un coursier fougueux,
se
montrer au Dauphin, devant sa cour brillante,
et
partir pour combattre au nom du Roi des cieux.
«Jeannette, ne crains rien» lui dit Saint Michel, l'ange.
«Dieu ne peut te manquer, il a sur toi ses yeux.
Et sa céleste Cour à tes côtes se range.
Sois bonne, sois pieuse, en Dieu mets ton appuis
car il sait élever et tirer de la fange,
le pauvre, le petit qui se repose en Lui.»
Et
pour bien préparer sa haute mission,
jeanne se donne à Dieu, le priant jour et nuit.
«Imposteur de Ferney, ta basse passion
révèle de ton cœur la profonde souillure;
foule aux pieds, si tu peux, de notre nation
l'amour, l'orgueil, l'honneur, la gloire la plus pure,
le
lis de Domrémy ne craint point ton atteinte.
Sur
toi retombera l'ignoble flétrissure,
dont
tu voulais souiller cette Vierge si sainte».
VAUCOULEURS
Jeannette a dix huit ans, elle est belle à ravir;
son
visage si doux rayonne l'innocence,
mais
ses yeux scintillants, aux reflets de saphir,
sont
remplis de fierté, de force et de confiance.
Elle
aborde son père et lui découvre enfin
que
Dieu l'a destinée au salut de la France,
qu'il ne peut s'opposer a cet ordre divin.
«Mon
premier devoir est de sauver ma Patrie ».
«Je
devrai donc, ma fille, et de ma propre main,
te
noyer, bien plutôt qu'approuver ta folie ».
«Je
vous dois tout respect, mais lorsque Dieu le veut,
nous
devons obéir, au risque de la vie.»
«O
Jeanne, que dis-tu? Ne vois-tu point que Dieu
ne
peut se contredire; Il commande à l'enfant
d'honorer père et mère afin qu'il soit heureux,
tu
dois donc obéir à ce commandement;
les
voix que tu perçois son les voix du serpent
qui
cause en ton esprit un grand dérangement.»
À
ces mots la Pucelle est aux pieds de son père,
les
embrasse humblement, les trempe de ses larmes,
tout
en le suppliant d'exaucer sa prière.
Les
père ne se laisse attendrir par ses charmes,
il
la quitte aussitôt sans ajouter un mot.
La
Pucelle en éprouve une immense douleur.
«Cependant à mes voix j'obéirai plutôt;
je
dois mettre Robert au courant le plus tôt;
je
ne puis plus douter, je sais Dieu dans mon cœur».
CHINON
Jeanne surmonte enfin toute hésitation,
elle
obtient une escorte, un cheval plein d'ardeur;
sur
la route on la voit qui conduit à Chinon,
son
visage si doux rayonne le bonheur.
Son
coeur reconnaissant, son ardente prière,
invoquent constamment Michel son saint Patron.
Mais
en se rappelant la douleur de son père,
elle
en pleure soudain, lui demande pardon.
Tout
à coup, à ses yeux, le grand château du Roi!
Son
donjon, sa tourelle et son grand pont-levis
bien
loin de l'effrayer, lui redoublent sa foi.
«Jeanne, fille de Dieu, mets ta confiance en Lui!»
Elle
avance et le Roi, prévenu par Robert,
fait
abaisser le pont, la fait accompagner
au
grand salon du Roi qui pour elle est ouvert.
Le
Roi pour l'éprouver, s'est fort bien déguisé;
l'un
des grands de sa cour s'adresse à la Pucelle:
«Ma
fille,» lui dit-il,
«est-ce
bien vrai que Dieu
te
mande à moi, Dauphin, et l'heureuse nouvelle,
qu'Il veut intervenir, nous rendre tous heureux,
en
chassant les anglais, nous donnant la victoire?»
«Messire, pas à toi, mais au vrai Roi de France.
Quitte ces beaux habits, n'usurpe pas sa gloire.
On
doit au Roi l'honneur, à Dieu la délivrance.»
Au
milieu de la cour, promenant ses regards,
Jeanne aperçoit le Roi, sous un habit modeste.
À
ses pieds prosternée: «À Toi seul mes égards,
à
Toi, le vrai Dauphin, je dis sans conteste,
car
les voix que j'entends ne peuvent me tromper,
de
par le Ciel, je vais à Toi seul, sans témoins,
de
ton âme, ô Dauphin, révéler un secret.
Vous
tous, les courtisans, veuillez aller au loin ».
Et
Jeanne reste seule et d'un ton mystérieux:
«Ô
Charles,
lui
dit-elle, éloigne de ton cœur
ce
terrible souci qui te rend malheureux.
De
par le Roi du Ciel, au nom du Créateur,
je
proclame ton droit de vrai fils légitime;
n'en
doute point, Seigneur, bannis ton noir souci.
À
Reims, je te le jure, ta grande peine intime
disparaîtra soudain, quand tu seras bénis.
Mes
voix l'ont assuré, en montant sur le trône,
à
tes pied tu verras l'anglais ton ennemi.»
ORLÉANS
Le
Roi ne doute plus. Il dit, bien convaincu:
«Dieu ne peut nous manquer, sur Jeanne il a ses yeux
car
mon plus grand secret, par nul homme connu,
lui
fut bien révélé par les anges des Cieux. »
Aussi la voyons-nous, avec son grand drapeau
sur
lequel est écrit le Saint Nom du Sauveur
et
celui de Marie, après lui le plus beau,
chevaucher hardiment au comble du bonheur;
à la
tête elle avance et son cher bataillon
la
suit rempli de joie et non moins de stupeur.
On
l'aime, on la respecte et dans sa mission
on
admire sa foi, sa force, sa douceur;
et
tous l'ont bien compris: pour chanter la victoire
il
faut vivre en chrétiens, éviter tout blasphème,
confesser ses péchés, de Dieu chercher la gloire.
«C'est,
dit-elle aux soldats, l'ordre de Dieu Lui-même.»
Soudain un cri se lève: «Orléans! Orléans!»
Depuis plus de six mois les anglais l'assiégeaient,
elle
ne pouvait plus résister pour longtemps.
Mais
la Pucelle est là et le siège est levé,
elle
entre dans la ville et le peuple l'acclame:
«Ô
Jeanne, ange du Ciel, par Dieu même envoyé!
À
Lui la gloire, à Toi l'honneur, ô Sainte femme!
Dispose de nous tous, car tes ordres son saints.»
«Tout est à vous, Français. Les anglais sont en fuite
et
Talbot, leur grand chef, va tomber en nos mains.
Au
delà des remparts, venez tous à ma suite
les
armes à la main et remplis de confiance.
En
Dieu seul espérons, nous aurons la victoire!
En
combattant pour Lui, pour notre France.
Mais
ne l'oublions pas: à Dieu seul soit la gloire!»
Et
en moins de huit jours la défaite écrasante,
la
prise de Jargeau, celle de Beaugency
et
surtout de Patay la victoire éclatante
annonçait la débâcle de notre ennemi.
REIMS (Le sacre)
«Et
maintenant à Reims! Pour le sacre du Roi!
C'est là qu'il faut aller, me dit Michel, l'ange.
Mais
sur notre chemin nous passerons par Troyes;
sommons cette place qui à nous se range.
Si
non, nous combattrons. Elle devra se rendre.»
Alors, sans coup férir, la ville ouvre ses portes.
Chalons se rend aussi, dans même se défendre.
Sur
la route de Reims s'avancent les cohortes,
Jeanne et son bataillon entrent dans son grand temple.
Debout devant l'autel, son drapeau dans ses mains,
Jeanne prie et le peuple a suivi son exemple.
Partout les sons joyeux de l'orgue et des airains
se
lèvent jusqu'au ciel, pour rendre grâce à Dieu.
Pendant que le Dauphin est sacré Roi de France
il
reçoit des soldats le serment plein de feu
de
donner au Pays l'entière délivrance.
Jeanne alors dit au Roi: «Je rentre à Domrémy.
Il
me faut obéir aux voix de mes chers anges;
ils
me l'ont signifié, mon concours est fini
et
je quitte à jamais ces habits fort étranges.
Je
baise l'étendard: puisqu'il fut à la peine,
il
fallait aujourd'hui qu'il en fût à l'honneur.»
«Pucelle,
dit le Roi, ne quitte pas la scène,
l'anglais est encore là, exploite le terreur
que
suscitent ton nom et surtout ta victoire.
Reste, Jeanne, avec nous. J'anoblis ta famille,
à
tes parents, à toi, je décerne la gloire.
Tu
l'as bien méritée: honneur à Toi, ma fille.»
Jeanne pour un instant n'ose se décider:
«Aux
ordres de mon Roi dois-je obéir?
Mais
le bon Michel que je viens de prier,
m'annonce que bientôt il me faudra mourir. »
L'amour de la Patrie l'emporte alors sur elle:
«Allons! Chassons l'anglais et délivrons Paris!»
Et
sur la capitale avance la Pucelle
avec
son bataillon, terreur des ennemis.
Mais
tout à coup le Roi lui défend d'attaquer.
L'héroïne obéit sans connaître la cause
d'un
ordre si contraire à ce qu'elle songeait.
Ne
craignant rien, partout elle court et s'expose,
elle
reçoit alors sa première blessure.
Qu'importe? Elle est tranquille et marche sur Compiègne.
COMPIÈGNE
La
pauvre Jeanne ici commence son calvaire.
Les
bourguignons, d'accord avec l'ennemi,
ont
enfin réussi: elle est leur prisonnière,
mais, brave comme elle est, profitant de la nuit,
du
haut de sa prison cherchant à s'évader,
elle
se blesse, hélas! Et retombe en leur main.
Ces
monstres, ces félons la vendent aux anglais,
dépourvus de pitié, dont le cœur inhumain
ne
connaît qu'un plaisir, celui de la vengeance,
et
ne sera content qu'en la voyant mourir
sur
l'infâme boucher pour punir sa puissance,
effacer à jamais son nom, son souvenir.
ROUEN
La
Pucelle paraît devant un juge inique
à la
Cour de Rouen; le dur procès commence.
Hélas! Le tribunal, pourtant ecclésiastique,
contre elle prévenu, malgré son innocence,
l'accuse d'impiété, d'accord avec le diable.
C'était souvent l'erreur du temps du moyen-âge.
La
Pucelle en frémit et de sa voix aimable:
«Ah,
non! J'aime trop Dieu! Lui seul est mon partage! »
«La
grâce est-elle en toi? Qu'en penses-tu Jeannette?»
«Si
je l'ai, quel bonheur! Que Jésus m'y conserve.
Mais
si je ne l'ai point, qu'à l'instant Il m'y mette!
Et
que de tout péché la Vierge me préserve:
comme un petit enfant en son sein je me jette!»
Un
prêtre limousin posa la question:
«L'archange Michel parle-t-il français?»
«Oh
oui! Bien mieux que vous. Sa prononciation
plus
correcte surtout, ne laisse à désirer.»
L'on
admire toujours en Jeanne la franchise,
toujours elle répond avec simplicité,
en
elle on aperçoit une douceur exquise,
surtout un grand bon sens, plein de naïveté.
On
lui demande encore: «Dieu hait-il les anglais?»
«Oh
non! Il les chérit, mais s'ils restent chez eux.
Qu'on reste donc chez soi. En France les Français,
les
anglais dans leur île et nous serons heureux.»
Pendant les mois d'hiver et le printemps suivant
notre Pucelle dut subir un long procès.
À
ses juges toujours, au grand étonnement,
elle
sut tenir tête, toujours avec succès.
Mais
il fut décidé, contre toute justice,
qu'elle devait mourir sur un bûcher infâme.
SUR
LE BÛCHER
C'est alors qu'éclata la foi de la Pucelle
quand on l'eut condamnée à mourir par la flamme.
La
pauvre jeune fille, à l'affreuse nouvelle
frémit dans tout son corps de délicate femme.
Son
immense douleur lui fit verser des larmes,
mais
la paix ne cessa de régner dans son cœur,
et
sur son doux visage en augmenta les charmes.
«Élevez devant moi la croix de mon Sauveur.
En
lui je trouverai la force et le courage.
Sur
le point de mourir j'atteste que mes voix
venaient vraiment de Dieu. La vérité m'engage
à
l'assurer encor, pour la dernière fois.
J'en
appelle à l'Église, au successeur de Pierre,
à
Lui j'offre mon
cœur,
au vrais Légat de Dieu.
En
Lui je reconnais de tout chrétien le Père.»
Et
Jeanne à cet instant devint la proie du feu.
au
milieu du silence, on entendit qu'un cri:
«Jésus!»
et sa belle âme entrait en Paradis.
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LA PULZELLA D'ORLÉANS
INVOCAZIONE
Canto
l'eroina, a cui la Francia tutta
deve la sua salvezza, la sua fede, la sua più
pura gloria;
canto la Pulzella e la dolce pastorella,
che, lasciate le sue greggi e la sua capanna
oscura,
ascoltò il suo cuore, le sue voci, e
dall'infanzia,
volle soccorrere, vincendo la sua natura,
« La pietà
che aveva per il regno di Francia».
Come Israele,
a buon diritto, esalta la vittoria
di Giuditta
su Assuero, e come la sua liberazione,
sotto il regno di Ester è la sua più grande
gloria,
così noi, Francesi, cantiamo, esaltiamo senza
timore,
della nostra patria la storia più illustre,
dei secoli passati la più famosa impresa!
È Dio che
l'ha voluta, poiché
«Egli
amava i Franchi».
È Dio che
l'ha scelta, questa celeste guida,
di cuore verginale e grande, così nobile e
valoroso.
O Jeanne, a
Te il mio carme, a Te tutto il mio amore,
a Te l'ardente desiderio di un cuore
riconoscente,
che vorrebbe cantare te, prima del suo ultimo
giorno,
che vorrebbe esaltare te e vedere all'istante
la Francia
cadere ai tuoi piedi, proclamare il suo
ritorno;
ai tuoi piedi i tuoi figli raggianti di
innocenza,
ai tuoi piedi i suoi soldati che difendono la
loro patria,
ponendo in te sempre la loro più salda
speranza,
attendendo dal tuo cuore la vittoria e la vita.
DOMREMY E LE VOCI
Chi è questa
fanciulla, con il viso d'angelo,
che pascola il suo gregge tra i grandi prati?
É Jeanne la
Pulzella dallo sguardo estatico,
che degli angeli del cielo ascolta le soavi
voci,
e dei suoi santi Protettori riceve l'ordine
divino
di salvare il suo paese, di riportare sul trono
i suoi Re.
Lei non ha
che tredici anni, ma il suo cuore nel petto
è infuocato dell'amore a Dio e alla sua patria.
Ma come
esporre al padre i suoi progetti?
Come
rivelargli il segreto della sua vita?
Tuttavia una
voce, sempre più insistente,
la sprona a lasciare il caro bastone,
di cambiare l'arcolaio in spada fiammeggiante,
di abbandonare il suo borgo su un destriero
focoso,
presentarsi al Delfino, davanti alla corte
fastosa,
e partire per combattere in nome del Re dei
cieli.
«Jeannette,
non temere» le dice l'angelo Michele.
«Dio non ti
abbandonerà, Egli tiene su di te i suoi occhi.
E la sua celeste corte al tuo fianco si
schiera.
Sii buona, sii pia, in Dio poni la tua fiducia
infatti egli può prendere e sollevare dal fango
il misero e il debole che si affida a Lui.»
E per
affrontare bene la sua alta missione,
Jeanne si
consacra a Dio giorno e notte nella preghiera.
«Impostore
di Ferney, la tua vile passione
rivela del tuo cuore la profonda abiezione;
calpesta, se puoi, della nostra nazione
l'amore, l'orgoglio, l'onore, la più pura
gloria,
il giglio
di Domremy non teme i tuoi attacchi.
Su di te
ricadrà l'ignobile onta,
con cui tu volevi infangare questa tanto
santa Vergine».
VAUCOULEURS
Jeannette
ha diciotto anni, è splendente di beltà,
il suo viso così soave irraggia innocenza,
ma i suoi occhi radiosi, dai riflessi di
zaffiro,
sono colmi di fierezza, di forza e di fiducia.
Lei affronta
il padre e gli rivela infine
che Dio l'ha destinata a salvare la Francia,
che egli non può opporsi a un ordine divino.
«Mio primo
dovere è di salvare la mia Patria ».
«Io dovrei
quindi, figlia mia, e con le mie stesse mani,
annegarti, piuttosto che approvare la tua
follia.»
«Io vi devo
ogni rispetto, ma quando Dio lo vuole,
noi dobbiamo obbedire, anche a rischio della
vita.»
«O Jeanne,
che dici? Non vedi che Dio
non può contraddirsi; Egli ordina alla figlia
di onorare il padre e la madre, affinché sia
felice,
devi dunque obbedire a questo comandamento;
le voci che tu odi sono le voci del serpente
che arreca nel tuo animo un grande smarrimento.
»
A queste
parole la Pulzella è alle ginocchia del padre,
le stringe umilmente, le inonda di lacrime,
supplicandolo di esaudire la sua preghiera.
Il padre non
si lascia intenerire dalle sue carezze,
egli la abbandona all'istante senza dire una
parola.
La Pulzella
ne prova immenso dolore.
«Tuttavia
alle mie voci obbedirò subito;
devo informare Robert il più presto;
io non posso più dubitare, io so che Dio è
nel mio cuore.»
CHINON
Jeanne vince infine ogni indugio,
ottiene una scorta, un cavallo vigoroso;
la vedono
sulla strada che conduce a Chinon,
il suo viso così soave irraggia esultanza.
Il suo cuore
riconoscente, la sua ardente preghiera,
invocano costantemente Michele suo santo
patrono.
Ma nel
ricordo del dolore del padre,
piange all'istante, gli chiede perdono.
Tutto ad un
tratto, ai suoi occhi, il grande castello del re!
Il torrione e
la torretta e il grande ponte levatoio
non
l'intimoriscono affatto, le raddoppiano la fede.
«Jeanne,
figlia di Dio, poni la tua fiducia in Lui!»
Ella viene avanti e il Re, avvisato da Robert,
fa calare il
ponte, la fa accompagnare
nella grande
sala del Re aperta per lei.
Il Re, per
metterla alla prova, si è travestito molto bene;
uno dei cortigiani si rivolge alla Pulzella:
«Figlia mia,»
le dice, «è sicuramente vero che Dio
ti invia a
me, Delfino, e la buona novella,
che egli vuole intervenire, renderci tutti
felici,
con la cacciata degli inglesi, per darci la
vittoria?»
«Messere, non a te, ma al vero Re di
Francia.
Togliti queste belle vesti. Non usurpare la
sua gloria.
Al Re devesi l'onore, a Dio la libertà».
Nel mezzo
della corte, volgendo lo sguardo,
Jeanne scorge
il Re, sotto una veste semplice.
Ai suoi piedi
prosternata: «A te solo il mio omaggio,
a Te, il vero Delfino, io dico senza
esitazione,
poiché le voci che io odo non possono
ingannarmi,
da parte del Cielo, a Te solo, senza
testimoni,
della tua anima, o Delfino, rivelerò un
segreto.
Voi tutti, o cortigiani, allontanatevi.»
E Jeanne
resta sola e con tono misterioso:
«O Carlo,
gli dice, allontana dal tuo cuore
la terribile preoccupazione che ti rende
infelice.
Da parte del Re del Cielo, in nome del
Creatore,
io
proclamo il tuo diritto di vero figlio legittimo;
non dubitare, Signore, rigetta il tuo nero
sgomento.
A Reims, io te lo giuro, la tua grande pena
interiore
svanirà all'istante, appena sarai benedetto.
Le voci me l'hanno assicurato, salito al
trono,
ai tuoi piedi vedrai l'inglese tuo nemico.»
ORLÉANS
Il Re non
dubita più. Egli afferma, convinto:
«Dio non ci
mancherà, su Jeanne egli ha i suoi occhi
infatti il mio più grande segreto, da nessuno
conosciuto,
a lei fu svelato dagli angeli del Cielo.»
Così la
vediamo, con il suo grande stendardo
su cui è scritto il Santo Nome del Salvatore
e quello di Maria, dopo quello il più bello,
cavalcare con ardore al colmo della felicità;
in testa ella procede e il suo amato drappello
la segue colmo di gioia non meno di
ammirazione.
L'amano e la
rispettano e nella sua missione
ne ammirano la fede, la forza, la grazia;
e tutti hanno capito bene: per inneggiare alla
vittoria
occorre vivere da cristiani, non bestemmiare,
confessare i peccati, di Dio bramare la gloria.
«È da Dio
stesso,» dice ai soldati, «che viene il comando.»
All'istante
un grido si leva: «Orléans! Orléans!»
Da più di sei
mesi gli inglesi l'assediavano,
non poteva resistere più a lungo.
Ma la
Pulzella è là e l'assedio è tolto,
lei entra in città e il popolo l'acclama:
«O Jeanne,
angelo del cielo, mandato da Dio stesso!
A Lui la gloria, a Te l'onore, o Santa donna!
Disponi di noi tutti, poiché i tuoi ordini sono
santi.»
«Tutto sta
in voi, Francesi. Gli inglesi sono in fuga
e Talbot,
loro gran capo, cadrà in mani nostre.
Oltre le trincee, seguitemi tutti
armi alla mano e colmi di fede.
In Dio solo la nostra speranza, noi avremo
la vittoria!
Combattendo per Lui, per la nostra Francia.
Ma non dimentichiamo: a Dio solo la gloria!»
E in meno di
otto giorni la disfatta totale,
la presa di Jargeau, quella di Beaugency
e soprattutto
di Patay la vittoria sorprendente
annunciava la sconfitta del nostro nemico.
REIMS (La consacrazione)
«E adesso
a Reims! Per la consacrazione del Re!
È là che occorre andare, mi dice Michele,
l'angelo.
Ma sul nostro cammino passeremo da Troyes;
sottomettiamo questa città che a noi si oppone.
Altrimenti combatteremo. Essa dovrà arrendersi.»
Allora, senza
colpo ferire, la città apre le porte.
Chalons anche
si arrende, senza opporre resistenza.
Sulla strada
di Reims avanzano le schiere,
Jeanne e il
suo drappello entrano nel grande tempio.
In piedi
davanti all'altare, con il vessillo in mano,
Jeanne prega
e il popolo ha seguito il suo esempio.
Da ogni parte
il suono festante dell'organo e delle campane
si innalza al cielo, per rendere grazie a Dio.
Mentre il
Delfino è consacrato Re di Francia
egli riceve dei soldati il giuramento solenne
di portare a tutto il paese la libertà.
Jeanne allora
si rivolge al Re: «Io ritorno a Domremy.
Devo obbedire alle voci dei miei amati
angeli;
me l'hanno detto chiaramente, la mia opera è
conclusa
E io lascio per sempre queste vesti non
comuni.
Bacio il vessillo: poiché fu in afflizione,
occorreva che oggi fosse all'onore.»
«Pulzella,
dice il Re, non te ne andare,
l'inglese è ancora là, metti a frutto il
terrore
che suscitano il tuo nome e soprattutto la tua
vittoria.
Rimani, Jeanne, con noi. Io rendo nobile la tua
famiglia,
ai tuoi genitori, a te, accordo solennemente la
gloria.
«Tu l'hai ben
meritata: onore a te, figlia mia.»
Jeanne per un
istante resta indecisa:
«Agli
ordini del mio Re devo l'obbedienza?
Ma il buon Michele che ho pregato,
mi predice che presto dovrò morire.»
L'amore di
Patria la vince:
«Or su!
Cacciamo gli inglesi e liberiamo Parigi!»
E sulla
capitale avanza la Pulzella
con i suoi soldati, terrore dei nemici.
Ma
improvvisamente il Re le ordina di non attaccare.
L'eroina
obbedisce senza conoscere il motivo
d'un ordine così contrario a quello che
riteneva.
Senza alcuna
paura, ella corre e si pone a rischio,
ella riceve allora la prima ferita.
Che importa?
É serena e marcia su Compiègne.
COMPIÈGNE
La misera
Jeanne qui inizia il suo calvario.
I borgognoni,
in combutta con il nemico,
sono infine riusciti: ella è loro prigioniera,
ma, audace come è, col favore della notte,
dall'alto della prigione nel tentativo di
evadere,
si ferisce, meschina! E ricade nelle loro mani.
Questi
mostri, questi vili la vendono agli inglesi,
senza pietà il loro cuore inumano
non conosce
che un piacere, quello della vendetta,
e sarà soddisfatto solo quando la vedrà morire
sull'infame rogo per punire la sua forza,
cancellare per sempre il suo nome, la sua
memoria.
ROUEN
La Pulzella è
portata davanti ad un giudice malvagio
a la corte di Rouen; il crudele processo ha
inizio.
Infelice! Il
tribunale, anche se ecclesiastico,
contro di lei è prevenuto, nonostante la sua
innocenza,
l'accusa di empietà, in accordo con il demonio.
Era spesso
l'errore del tempo del medio evo.
La Pulzella
fremendo e con voce serena:
«No! Amo
troppo Dio! Lui solo è con me!»
«La grazia è
in te? Che credi Jeannette?»
«Se io
l'ho, quale gioia! Che Gesù mi ci mantenga.
Ma se non l'ho, che all'istante mi ci metta!
E che da ogni peccato la Vergine mi
preservi:
come un fanciullo sul suo seno io mi getto!»
Un prete di
Limoges pose la questione:
«L'arcangelo
Michele parla in francese?»
«Certo!
Molto meglio di voi. La sua pronuncia
Soprattutto più corretta, è ineccepibile.»
Viene
ammirata sempre in Jeanne la schiettezza,
sempre risponde con semplicità,
in lei si rivela una dolcezza infinita,
soprattutto un gran buon senso, pieno di
naturalezza.
Le domandano
ancora: «Dio odia gli inglesi?»
«Certo che
no! Egli li ama, purché restino a casa loro.
Che ognuno stia dunque a casa sua. In
Francia i francesi,
gli inglesi nella loro isola e noi saremo
felici.»
Durante i
mesi invernali e la primavera seguente
la nostra Pulzella dovette subire un lungo
processo.
Ai giudici
sempre, con grande stupore,
ella seppe tenere testa, sempre con successo.
Ma fu deciso,
contro ogni giustizia,
che doveva morire su un rogo infame.
SUL ROGO
Fu allora
che si manifestò la fede della Pulzella
quando fu condannata a morire tra le fiamme.
La misera
fanciulla, alla tremenda notizia
fremette con tutto il suo corpo di fragile
donna.
L'immenso
dolore le fece versare le lacrime,
ma la pace non cessò di regnare nel suo cuore,
e sul suo volto soave ne aumentò le grazie.
«Porgetemi
la croce del mio Salvatore.
In Lui troverò forza e coraggio.
Di fronte alla morte io affermo che le voci
venivano veramente da Dio. La verità mi
obbliga
a sostenerlo ancora, per l'ultima volta.
Mi appello alla Chiesa, al successore di
Pietro,
a Lui offro il mio cuore, al vero vicario di
Dio.
In Lui riconosco di ogni cristiano il
Padre.»
E Jeanne a
quell'istante fu preda del fuoco.
Nel mezzo del
silenzio, si udì un solo grido:
«Gesù!»
e la sua bella anima entrava in Paradiso. |