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  Ricordo di P.Scheffter (1875-1960)  

A Sainte Jeanne d'Arc  

CHARLES FRÉDÉRIC SCHEFFTER S.I.

Noël 1959

(traduzione di Ildo Marangon)

 

 

LA PUCELLE D'ORLÉANS

INVOCATION

Je chante l'héroïne, à qui la France entière

doit son salut, sa foi, sa gloire la plus pure;

je chante la Pucelle et la douce Bergère,

qui, laissant se brebis et sa chaumière obscure,

n'écouta que son cœur, ses voix, et dès l'enfance,

conçut de secourir, surmontant sa nature,

«La pitié qui était au Royaume de France».

 

Qu'Israël, à bon droit, exalte la victoire

de Judith sur Assur, et que sa délivrance,

sous le règne d'Esther soit sa plus grande gloire;

pour nous, Français, chantons, exaltons sans contexte,

de notre nation la plus illustre histoire,

des siècles écoulés la plus fameuse geste!

C'est Dieu qui l'a voulu, car «Il aimait les Francs».

C'est Dieu qui l'a choisi, ce guide tout céleste,

au grand coeur virginal, si noble et si vaillant.

 

O Jeanne, à Toi mon chant, à Toi tout mon amour,

à Toi l'ardant désir d'un cœur reconnaissant,

qui voudrait te chanter, avant son dernier jour,

qui voudrait t'exalter et voir soudain la France

tomber à tes genoux, proclamer son retour;

à tes pieds ses enfants ravissants d'innocence,

à tes pieds ses soldats défendant leur patrie,

en toi mettant toujours leur plus ferme espérance,

attendant de ton cœur la victoire e la vie.

 

DOMREMY ET LES VOIX

Quelle est cette fillette, au visage angélique,

qui mène ses brebis à travers les grands bois?

C'est Jeanne la Pucelle au regard extatique,

qui des anges du ciel entend les douces voix,

et de ses saints Patrons reçoit l'ordre divin

de sauver son pays, de rétablir ses Rois.

 

Elle n'a que treize ans, mais son cœur dans son sein

est embrasé d'amour pour Dieu, pour sa Patrie.

Mais comment à son père exposer ses desseins?

Comment lui révéler le secret de sa vie?

Cependant une voix, toujours plus insistante,

la presse de laisser sa houlette chérie,

de changer sa quenouille en arme flamboyante,

de quitter son hameau sur un coursier fougueux,

se montrer au Dauphin, devant sa cour brillante,

et partir pour combattre au nom du Roi des cieux.

  

«Jeannette, ne crains rien» lui dit Saint Michel, l'ange.

«Dieu ne peut te manquer, il a sur toi ses yeux.

Et sa céleste Cour à tes côtes se range.

Sois bonne, sois pieuse, en Dieu mets ton appuis

car il sait élever et tirer de la fange,

le pauvre, le petit qui se repose en Lui.»

Et pour bien préparer sa haute mission,

jeanne se donne à Dieu, le priant jour et nuit.

 

«Imposteur de Ferney, ta basse passion

révèle de ton cœur la profonde souillure;

foule aux pieds, si tu peux, de notre nation

l'amour, l'orgueil, l'honneur, la gloire la plus pure,

le lis de Domrémy ne craint point ton atteinte.

Sur toi retombera l'ignoble flétrissure,

dont tu voulais souiller cette Vierge si sainte».

 

VAUCOULEURS

 Jeannette a dix  huit ans, elle est belle à ravir;

son visage si doux rayonne l'innocence,

mais ses yeux scintillants, aux reflets de saphir,

sont remplis de fierté, de force et de confiance.

Elle aborde son père et lui découvre enfin

que Dieu l'a destinée au salut de la France,

qu'il ne peut s'opposer a cet ordre divin.

«Mon premier devoir est de sauver ma Patrie ».

 

«Je devrai donc, ma fille, et de ma propre main,

te noyer, bien plutôt qu'approuver ta folie ».

«Je vous dois tout respect, mais lorsque Dieu le veut,

nous devons obéir, au risque de la vie.»

«O Jeanne, que dis-tu? Ne vois-tu point que Dieu

ne peut se contredire; Il commande à l'enfant

d'honorer père et mère afin qu'il soit heureux,

tu dois donc obéir à ce commandement;

les voix que tu perçois son les voix du serpent

qui cause en ton esprit un grand dérangement.»

 

À ces mots la Pucelle est aux pieds de son père,

les embrasse humblement, les trempe de ses larmes,

tout en le suppliant d'exaucer sa prière.

Les père ne se laisse attendrir par ses charmes,

il la quitte aussitôt sans ajouter un mot.

La Pucelle en éprouve une immense douleur.

«Cependant à mes voix j'obéirai plutôt;

je dois mettre Robert au courant le plus tôt;

je ne puis plus douter, je sais Dieu dans mon cœur».

 

CHINON

Jeanne surmonte enfin toute hésitation,

elle obtient une escorte, un cheval plein d'ardeur;

sur la route on la voit qui conduit à Chinon,

son visage si doux rayonne le bonheur.

Son coeur reconnaissant, son ardente prière,

invoquent constamment Michel son saint Patron.

Mais en se rappelant la douleur de son père,

elle en pleure soudain, lui demande pardon.

 

Tout à coup, à ses yeux, le grand château du Roi!

Son donjon, sa tourelle et son grand pont-levis

bien loin de l'effrayer, lui redoublent sa foi.

«Jeanne, fille de Dieu, mets ta confiance en Lui!»

  

Elle avance et le Roi, prévenu par Robert,

fait abaisser le pont, la fait accompagner

au grand salon du Roi qui pour elle est ouvert.

Le Roi pour l'éprouver, s'est fort bien déguisé;

l'un des grands de sa cour s'adresse à la Pucelle:

 

«Ma fille,» lui dit-il, «est-ce bien vrai que Dieu

te mande à moi, Dauphin, et l'heureuse nouvelle,

qu'Il veut intervenir, nous rendre tous heureux,

en chassant les anglais, nous donnant la victoire?»

«Messire, pas à toi, mais au vrai Roi de France.

Quitte ces beaux habits, n'usurpe pas sa gloire.

On doit au Roi l'honneur, à Dieu la délivrance.»

 

Au milieu de la cour, promenant ses regards,

Jeanne aperçoit le Roi, sous un habit modeste.

À ses pieds prosternée: «À Toi seul mes égards,

à Toi, le vrai Dauphin, je dis sans conteste,

car les voix que j'entends ne peuvent me tromper,

de par le Ciel, je vais à Toi seul, sans témoins,

de ton âme, ô Dauphin, révéler un secret.

Vous tous, les courtisans, veuillez aller au loin ».

 

Et Jeanne reste seule et d'un ton mystérieux:

«Ô Charles, lui dit-elle, éloigne de ton cœur

ce terrible souci qui te rend malheureux.

De par le Roi du Ciel, au nom du Créateur,

je proclame ton droit de vrai fils légitime;

n'en doute point, Seigneur, bannis ton noir souci.

À Reims, je te le jure, ta grande peine intime

disparaîtra soudain, quand tu seras bénis.

Mes voix l'ont assuré, en montant sur le trône,

à tes pied tu verras l'anglais ton ennemi.»

 

ORLÉANS

Le Roi ne doute plus. Il dit, bien convaincu:

«Dieu ne peut nous manquer, sur Jeanne il a ses yeux

car mon plus grand secret, par nul homme connu,

lui fut bien révélé par les anges des Cieux. »

 

Aussi la voyons-nous, avec son grand drapeau

sur lequel est écrit le Saint Nom du Sauveur

et celui de Marie, après lui le plus beau,

chevaucher hardiment au comble du bonheur;

à la tête elle avance et son cher bataillon

la suit rempli de joie et non moins de stupeur.

 

On l'aime, on la respecte et dans sa mission

on admire sa foi, sa force, sa douceur;

et tous l'ont bien compris: pour chanter la victoire

il faut vivre en chrétiens, éviter tout blasphème,

confesser ses péchés, de Dieu chercher la gloire.

«C'est, dit-elle aux soldats, l'ordre de Dieu Lui-même.»

Soudain un cri se lève: «Orléans! Orléans!»

 

Depuis plus de six mois les anglais l'assiégeaient,

elle ne pouvait plus résister pour longtemps.

Mais la Pucelle est là et le siège est levé,

elle entre dans la ville et le peuple l'acclame:

«Ô Jeanne, ange du Ciel, par Dieu même envoyé!

À Lui la gloire, à Toi l'honneur, ô Sainte femme!

Dispose de nous tous, car tes ordres son saints.»

 

«Tout est à vous, Français. Les anglais sont en fuite

et Talbot, leur grand chef, va tomber en nos mains.

Au delà des remparts, venez tous à ma suite

les armes à la main et remplis de confiance.

En Dieu seul espérons, nous aurons la victoire!

En combattant pour Lui, pour notre France.

Mais ne l'oublions pas: à Dieu seul soit la gloire!»

 

Et en moins de huit jours la défaite écrasante,

la prise de Jargeau, celle de Beaugency

et surtout de Patay la victoire éclatante

annonçait la débâcle de notre ennemi.

 

REIMS (Le sacre)

«Et maintenant à Reims! Pour le sacre du Roi!

C'est là qu'il faut aller, me dit Michel, l'ange.

Mais sur notre chemin nous passerons par Troyes;

sommons cette place qui à nous se range.

Si non, nous combattrons. Elle devra se rendre.»

 

Alors, sans coup férir, la ville ouvre ses portes.

Chalons se rend aussi, dans même se défendre.

Sur la route de Reims s'avancent les cohortes,

Jeanne et son bataillon entrent dans son grand temple.

Debout devant l'autel, son drapeau dans ses mains,

Jeanne prie et le peuple a suivi son exemple.

 

Partout les sons joyeux de l'orgue et des airains

se lèvent jusqu'au ciel, pour rendre grâce à Dieu.

Pendant que le Dauphin est sacré Roi de France

il reçoit des soldats le serment plein de feu

de donner au Pays l'entière délivrance.

 

Jeanne alors dit au Roi: «Je rentre à Domrémy.

Il me faut obéir aux voix de mes chers anges;

ils me l'ont signifié, mon concours est fini

et je quitte à jamais ces habits fort étranges.

Je baise l'étendard: puisqu'il fut à la peine,

il fallait aujourd'hui qu'il en fût à l'honneur.»

 

«Pucelle, dit le Roi, ne quitte pas la scène,

l'anglais est encore là, exploite le terreur

que suscitent ton nom et surtout ta victoire.

Reste, Jeanne, avec nous. J'anoblis ta famille,

à tes parents, à toi, je décerne la gloire.

Tu l'as bien méritée: honneur à Toi, ma fille.»

 

Jeanne pour un instant n'ose se décider:

«Aux ordres de mon Roi dois-je obéir?

Mais le bon Michel que je viens de prier,

m'annonce que bientôt il me faudra mourir. »

L'amour de la Patrie l'emporte alors sur elle:

«Allons! Chassons l'anglais et délivrons Paris!»

 

Et sur la capitale avance la Pucelle

avec son bataillon, terreur des ennemis.

Mais tout à coup le Roi lui défend d'attaquer.

L'héroïne obéit sans connaître la cause

d'un ordre si contraire à ce qu'elle songeait.

Ne craignant rien, partout elle court et s'expose,

elle reçoit alors sa première blessure.

Qu'importe? Elle est tranquille et marche sur Compiègne.

 

COMPIÈGNE

La pauvre Jeanne ici commence son calvaire.

Les bourguignons, d'accord avec l'ennemi,

ont enfin réussi: elle est leur prisonnière,

mais, brave comme elle est, profitant de la nuit,

du haut de sa prison cherchant à s'évader,

elle se blesse, hélas! Et retombe en leur main.

 

Ces monstres, ces félons la vendent aux anglais,

dépourvus de pitié, dont le cœur inhumain

ne connaît qu'un plaisir, celui de la vengeance,

et ne sera content qu'en la voyant mourir

sur l'infâme boucher pour punir sa puissance,

effacer à jamais son nom, son souvenir.

 

ROUEN

La Pucelle paraît devant un juge inique

à la Cour de Rouen; le dur procès commence.

Hélas! Le tribunal, pourtant ecclésiastique,

contre elle prévenu, malgré son innocence,

l'accuse d'impiété, d'accord avec le diable.

C'était souvent l'erreur du temps du moyen-âge.

La Pucelle en frémit et de sa voix aimable:

«Ah, non! J'aime trop Dieu! Lui seul est mon partage! »

«La grâce est-elle en toi? Qu'en penses-tu Jeannette?»

 

«Si je l'ai, quel bonheur! Que Jésus m'y conserve.

Mais si je ne l'ai point, qu'à l'instant Il m'y mette!

Et que de tout péché la Vierge me préserve:

comme un petit enfant en son sein je me jette!»

 

Un prêtre limousin posa la question:

«L'archange Michel parle-t-il français?»

«Oh oui! Bien mieux que vous. Sa prononciation

plus correcte surtout, ne laisse à désirer.»

L'on admire toujours en Jeanne la franchise,

toujours elle répond avec simplicité,

en elle on aperçoit une douceur exquise,

surtout un grand bon sens, plein de naïveté.

 

On lui demande encore: «Dieu hait-il les anglais?»

«Oh non! Il les chérit, mais s'ils restent chez eux.

Qu'on reste donc chez soi. En France les Français,

les anglais dans leur île et nous serons heureux.»

 

Pendant les mois d'hiver et le printemps suivant

notre Pucelle dut subir un long procès.

À ses juges toujours, au grand étonnement,

elle sut tenir tête, toujours avec succès.

Mais il fut décidé, contre toute justice,

qu'elle devait mourir sur un bûcher infâme.

 

SUR LE BÛCHER

 C'est alors qu'éclata la foi de la Pucelle

quand on l'eut condamnée à mourir par la flamme.

La pauvre jeune fille, à l'affreuse nouvelle

frémit dans tout son corps de délicate femme.

Son immense douleur lui fit verser des larmes,

mais la paix ne cessa de régner dans son cœur,

et sur son doux visage en augmenta les charmes.

 

«Élevez devant moi la croix de mon Sauveur.

En lui je trouverai la force et le courage.

Sur le point de mourir j'atteste que mes voix

venaient vraiment de Dieu. La vérité m'engage

à l'assurer encor, pour la dernière fois.

J'en appelle à l'Église, au successeur de Pierre,

à Lui j'offre mon cœur, au vrais Légat de Dieu.

En Lui je reconnais de tout chrétien le Père.»

Et Jeanne à cet instant devint la proie du feu.

au milieu du silence, on entendit qu'un cri:

«Jésus!» et sa belle âme entrait en Paradis.

 

 

 

LA PULZELLA D'ORLÉANS

INVOCAZIONE

Canto l'eroina, a cui la Francia tutta

deve la sua salvezza, la sua fede, la sua più pura gloria;

canto la Pulzella e la dolce pastorella,

che, lasciate le sue greggi e la sua capanna oscura,

ascoltò il suo cuore, le sue voci, e dall'infanzia,

volle soccorrere, vincendo la sua natura,

« La pietà che aveva per il regno di Francia».

 

Come Israele, a buon diritto, esalta la vittoria

di Giuditta su Assuero, e come la sua liberazione,

sotto il regno di Ester è la sua più grande gloria,

così noi, Francesi, cantiamo, esaltiamo senza timore,

della nostra patria la storia più illustre,

dei secoli passati la più famosa impresa!

È Dio che l'ha voluta, poiché «Egli amava i Franchi».

È Dio che l'ha scelta, questa celeste guida,

di cuore verginale e grande, così nobile e valoroso.

 

O Jeanne, a Te il mio carme, a Te tutto il mio amore,

a Te l'ardente desiderio di un cuore riconoscente,

che vorrebbe cantare te, prima del suo ultimo giorno,

che vorrebbe esaltare te e vedere all'istante la Francia

cadere ai tuoi piedi, proclamare il suo ritorno;

ai tuoi piedi i tuoi figli raggianti di innocenza,

ai tuoi piedi i suoi soldati che difendono la loro patria,

ponendo in te sempre la loro più salda speranza,

attendendo dal tuo cuore la vittoria e la vita.

 

DOMREMY E LE VOCI

Chi è questa fanciulla, con il viso d'angelo,

che pascola il suo gregge tra i grandi prati?

É Jeanne la Pulzella dallo sguardo estatico,

che degli angeli del cielo ascolta le soavi voci,

e dei suoi santi Protettori riceve l'ordine divino

di salvare il suo paese, di riportare sul trono i suoi Re.

 

Lei non ha che tredici anni, ma il suo cuore nel petto

è infuocato dell'amore a Dio e alla sua patria.

Ma come esporre al padre i suoi progetti?

Come rivelargli il segreto della sua vita?

Tuttavia una voce, sempre più insistente,

la sprona a lasciare il caro bastone,

di cambiare l'arcolaio in spada fiammeggiante,

di abbandonare il suo borgo su un destriero focoso,

presentarsi al Delfino, davanti alla corte fastosa,

e partire per combattere in nome del Re dei cieli.

  

«Jeannette, non temere» le dice l'angelo Michele.

«Dio non ti abbandonerà, Egli tiene su di te i suoi occhi.

E la sua celeste corte al tuo fianco si schiera.

Sii buona, sii pia, in Dio poni la tua fiducia

infatti egli può prendere e sollevare dal fango

il misero e il debole che si affida a Lui.»

E per affrontare bene la sua alta missione,

Jeanne si consacra a Dio giorno e notte nella preghiera.

 

«Impostore di Ferney, la tua vile passione

rivela del tuo cuore la profonda abiezione;

calpesta, se puoi, della nostra nazione

l'amore, l'orgoglio, l'onore, la più pura gloria,

il giglio di Domremy non teme i tuoi attacchi.

Su di te ricadrà l'ignobile onta,

con cui tu volevi infangare questa tanto santa Vergine».

 

VAUCOULEURS

 Jeannette ha diciotto anni, è splendente di beltà,

il suo viso così soave irraggia innocenza,

ma i suoi occhi radiosi, dai riflessi di zaffiro,

sono colmi di fierezza, di forza e di fiducia.

Lei affronta il padre e gli rivela infine

che Dio l'ha destinata a salvare la Francia,

che egli non può opporsi a un ordine divino.

«Mio primo dovere è di salvare la  mia Patria ».

 

«Io dovrei quindi, figlia mia, e con le mie stesse mani,

annegarti, piuttosto che approvare la tua follia.»

«Io vi devo ogni rispetto, ma quando Dio lo vuole,

noi dobbiamo obbedire, anche a rischio della vita.»

«O Jeanne, che dici? Non vedi che Dio

non può contraddirsi; Egli ordina alla figlia

di onorare il padre e la madre, affinché sia felice,

devi dunque obbedire a questo comandamento;

le voci che tu odi sono le voci del serpente

che arreca nel tuo animo un grande smarrimento. »

 

A queste parole la Pulzella è alle ginocchia del padre,

le stringe umilmente, le inonda di lacrime,

supplicandolo di esaudire la sua preghiera.

Il padre non si lascia intenerire dalle sue carezze,

egli la abbandona all'istante senza dire una parola.

La Pulzella ne prova immenso dolore.

«Tuttavia alle mie voci obbedirò subito;

devo informare Robert il più presto;

io non posso più dubitare, io so che Dio è nel mio cuore.»

 

CHINON

Jeanne vince infine ogni indugio,

ottiene una scorta, un cavallo vigoroso;

la vedono sulla strada che conduce a Chinon,

il suo viso così soave irraggia esultanza.

Il suo cuore riconoscente, la sua ardente preghiera,

invocano costantemente Michele suo santo patrono.

Ma nel ricordo del dolore del padre,

piange all'istante, gli chiede perdono.

 

Tutto ad un tratto, ai suoi occhi, il grande castello del re!

Il torrione e la torretta e il grande ponte levatoio

non l'intimoriscono affatto, le raddoppiano la fede.

«Jeanne, figlia di Dio, poni la tua fiducia in Lui!»

 

Ella viene avanti e il Re, avvisato da Robert,

fa calare il ponte, la fa accompagnare

nella grande sala del Re aperta per lei.

Il Re, per metterla alla prova, si è travestito molto bene;

uno dei cortigiani si rivolge alla Pulzella:

 

«Figlia mia,» le dice, «è sicuramente vero che Dio

ti invia a me, Delfino, e la buona novella,

che egli vuole intervenire, renderci tutti felici,

con la cacciata degli inglesi, per darci la vittoria?»

«Messere, non a te, ma al vero Re di Francia.

Togliti queste belle vesti. Non usurpare la sua gloria.

Al Re devesi l'onore, a Dio la libertà».

 

Nel mezzo della corte, volgendo lo sguardo,

Jeanne scorge il Re, sotto una veste semplice.

Ai suoi piedi prosternata: «A te solo il mio omaggio,

a Te, il vero Delfino, io dico senza esitazione,

poiché le voci che io odo non possono ingannarmi,

da parte del Cielo, a Te solo, senza testimoni,

della tua anima, o Delfino, rivelerò un segreto.

Voi tutti, o cortigiani, allontanatevi.»

 

E Jeanne resta sola e con tono misterioso:

«O Carlo, gli dice, allontana dal tuo cuore

la terribile preoccupazione che ti rende infelice.

Da parte del Re del Cielo, in nome del Creatore,

io proclamo il tuo diritto di vero figlio legittimo;

non dubitare, Signore, rigetta il tuo nero sgomento.

A Reims, io te lo giuro, la tua grande pena interiore

svanirà all'istante, appena sarai benedetto.

Le voci me l'hanno assicurato, salito al trono,

ai tuoi piedi vedrai l'inglese tuo nemico.»

 

ORLÉANS

Il Re non dubita più. Egli afferma, convinto:

«Dio non ci mancherà, su Jeanne egli ha i suoi occhi

infatti il mio più grande segreto, da nessuno conosciuto,

a lei fu svelato dagli angeli del Cielo.»

 

Così la vediamo, con il suo grande stendardo

su cui è scritto il Santo Nome del Salvatore

e quello di Maria, dopo quello il più bello,

cavalcare con ardore al colmo della felicità;

in testa ella procede e il suo amato drappello

la segue colmo di gioia non meno di ammirazione.

 

L'amano e la rispettano e nella sua missione

ne ammirano la fede, la forza, la grazia;

e tutti hanno capito bene: per inneggiare alla vittoria

occorre vivere da cristiani, non bestemmiare,

confessare i peccati, di Dio bramare la gloria.

«È da Dio stesso,» dice ai soldati, «che viene il comando.»

All'istante un grido si leva: «Orléans! Orléans!»

 

Da più di sei mesi gli inglesi l'assediavano,

non poteva resistere più a lungo.

Ma la Pulzella è là e l'assedio è tolto,

lei entra in città e il popolo l'acclama:

«O Jeanne, angelo del cielo, mandato da Dio stesso!

A Lui la gloria, a Te l'onore, o Santa donna!

Disponi di noi tutti, poiché i tuoi ordini sono santi.»

 

«Tutto sta in voi, Francesi. Gli inglesi sono in fuga

e Talbot, loro gran capo, cadrà in mani nostre.

Oltre le trincee, seguitemi tutti

armi alla mano e colmi di fede.

In Dio solo la nostra speranza, noi avremo la vittoria!

Combattendo per Lui, per la nostra Francia.

Ma non dimentichiamo: a Dio solo la gloria!»

 

E in meno di otto giorni la disfatta totale,

la presa di Jargeau, quella di Beaugency

e soprattutto di Patay la vittoria sorprendente

annunciava la sconfitta del nostro nemico.

 

REIMS (La consacrazione)

«E adesso a Reims! Per la consacrazione del Re!

È là che occorre andare, mi dice Michele, l'angelo.

Ma sul nostro cammino passeremo da Troyes;

sottomettiamo questa città che a noi si oppone.

Altrimenti combatteremo. Essa dovrà arrendersi.»

 

Allora, senza colpo ferire, la città apre le porte.

Chalons anche si arrende, senza opporre resistenza.

Sulla strada di Reims avanzano le schiere,

Jeanne e il suo drappello entrano nel grande tempio.

In piedi davanti all'altare, con il vessillo in mano,

Jeanne prega e il popolo ha seguito il suo esempio.

 

Da ogni parte il suono festante dell'organo e delle campane

si innalza al cielo, per rendere grazie a Dio.

Mentre il Delfino è consacrato Re di Francia

egli riceve dei soldati il giuramento solenne

di portare a tutto il paese la libertà.

 

Jeanne allora si rivolge al Re: «Io ritorno a Domremy.

Devo obbedire alle voci dei miei amati angeli;

me l'hanno detto chiaramente, la mia opera è conclusa

E io lascio per sempre queste vesti non comuni.

Bacio il vessillo: poiché fu in afflizione,

occorreva che oggi fosse all'onore.»

 

«Pulzella, dice il Re, non te ne andare,

l'inglese è ancora là, metti a frutto il terrore

che suscitano il tuo nome e soprattutto la tua vittoria.

Rimani, Jeanne, con noi. Io rendo nobile la tua famiglia,

ai tuoi genitori, a te, accordo solennemente la gloria.

«Tu l'hai ben meritata: onore a te, figlia mia.»

 

Jeanne per un istante resta indecisa:

«Agli ordini del mio Re devo l'obbedienza?

Ma il buon Michele che ho pregato,

mi predice che presto dovrò morire.»

L'amore di Patria la vince:

«Or su! Cacciamo gli inglesi e liberiamo Parigi!»

 

E sulla capitale avanza la Pulzella

con i suoi soldati, terrore dei nemici.

Ma improvvisamente il Re le ordina di non attaccare.

L'eroina obbedisce senza conoscere il motivo

d'un ordine così contrario a quello che riteneva.

Senza alcuna paura, ella corre e si pone a rischio,

ella riceve allora la prima ferita.

Che importa? É serena e marcia su Compiègne.

 

COMPIÈGNE

La misera Jeanne qui inizia il suo calvario.

I borgognoni, in combutta con il nemico,

sono infine riusciti: ella è loro prigioniera,

ma, audace come è, col favore della notte,

dall'alto della prigione nel tentativo di evadere,

si ferisce, meschina! E ricade nelle loro mani.

 

Questi mostri, questi vili la vendono agli inglesi,

senza pietà il loro cuore inumano

non conosce che un piacere, quello della vendetta,

e sarà soddisfatto solo quando la vedrà morire

sull'infame rogo per punire la sua forza,

cancellare per sempre il suo nome, la sua memoria.

 

ROUEN

La Pulzella è portata davanti ad un giudice malvagio

a la corte di Rouen; il crudele processo ha inizio.

Infelice! Il tribunale, anche se ecclesiastico,

contro di lei è prevenuto, nonostante la sua innocenza,

l'accusa di empietà, in accordo con il demonio.

Era spesso l'errore del tempo del medio evo.

La Pulzella fremendo e con voce serena:

«No! Amo troppo Dio! Lui solo è con me!»

«La grazia è in te? Che credi Jeannette?»

 

«Se io l'ho, quale gioia! Che Gesù mi ci mantenga.

Ma se non l'ho, che all'istante mi ci metta!

E che da ogni peccato la Vergine mi preservi:

come un fanciullo sul suo seno io mi getto!»

 

Un prete di Limoges pose la questione:

«L'arcangelo Michele parla in francese?»

«Certo! Molto meglio di voi. La sua pronuncia

Soprattutto più corretta, è ineccepibile.»

Viene ammirata sempre in Jeanne la schiettezza,

sempre risponde con semplicità,

in lei si rivela una dolcezza infinita,

soprattutto un gran buon senso, pieno di naturalezza.

 

Le domandano ancora: «Dio odia gli inglesi?»

«Certo che no! Egli li ama, purché restino a casa loro.

Che ognuno stia dunque a casa sua. In Francia i francesi,

gli inglesi nella loro isola e noi saremo felici.»

 

Durante i mesi invernali e la primavera seguente

la nostra Pulzella dovette subire un lungo processo.

Ai giudici sempre, con grande stupore,

ella seppe tenere testa, sempre con successo.

Ma fu deciso, contro ogni giustizia,

che doveva morire su un rogo infame.

 

SUL ROGO

 Fu allora che si manifestò la fede della Pulzella

quando fu condannata a morire tra le fiamme.

La misera fanciulla, alla tremenda notizia

fremette con tutto il suo corpo di fragile donna.

L'immenso dolore le fece versare le lacrime,

ma la pace non cessò di regnare nel suo cuore,

e sul suo volto soave ne aumentò le grazie.

 

«Porgetemi la croce del mio Salvatore.

In Lui troverò forza e coraggio.

Di fronte alla morte io affermo che le voci

venivano veramente da Dio. La verità mi obbliga

a sostenerlo ancora, per l'ultima volta.

Mi appello alla Chiesa, al successore di Pietro,

a Lui offro il mio cuore, al vero vicario di Dio.

In Lui riconosco di ogni cristiano il Padre.»

E Jeanne a quell'istante fu preda del fuoco.

Nel mezzo del silenzio, si udì un solo grido:

«Gesù!» e la sua bella anima entrava in Paradiso.

 

Carme di P. Scheffter dedicato a S. Jeanne D'Arc

Dopo 55 anni finalmente ho trovato il tempo di tradurre il carme di P. Scheffter dedicato a S. Jeanne D'Arc, Egli me lo aveva donato con dedica al momento della mia partenza dal S: Tommaso. Sono riuscito a conservarlo, anche se ora è un po' sciupato, in tutti questi anni come una reliquia. Invio il testo  francese con accanto la traduzione letterale. Può darsi che qualche altro compagno ricordi questa poesia perché P. Scheffter  l'aveva data come suo ricordo a molti tra gli alunni del Collegio di quell'anno. Chi volesse segnalare migliorie alla traduzione è bene accetto.

ildomarangon@fastwebmail.it

 
 
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